PAOBJET : Développer des objets en tant qu’illustrateurice
Créer la cours de récréation de ses rêves :
Au début, cette collaboration n’était même pas un projet. C’était juste une petite graine. J’ai arrosé cette graine, je l’ai laissée dans un coin jusqu’à ce qu’elle germe. Elle a grandi au fil du temps. Puis, comme c’était une jolie plante, je me suis dit que ça pouvait être une bonne chose de la bouturer et de faire plein de bébés plantes.
J’arrête ma métaphore. Plus concrètement, j’ai commencé par dessiner un miroir, puis des patères… Je me suis dit que ce serait chouette de faire un logo « paolinoshka » à mettre au dos. J’ai donc décidé de créer ma propre typo (le jusqu’auboutisme), ce qui a entraîné une envie de créer une identité visuelle. J’ai donc créé un mini-monde : Paobjet.
L’effet boule de neige ne s’arrête pas la. Si ça fonctionne, je sortirai d’autres produits. Ça deviendra peut-être une marque. Je ne connais pas encore la suite du scénario, mais vous avez compris l’idée : je me suis définie la cour de récréation de mes rêves, avec de l’objet, de l’illustration, du graphisme. C’est mon royaume. Je suis à la tête de cet empire (je rigole), prête à dominer la planète Terre en foutant des fleurs partout, comme Hello Kitty ou Snoopy.
Vendre alors qu’il y a déjà tant de choses sur cette planète:
C’est marrant comme, quand on est une mini-entreprise, on essaie de faire au mieux, au plus écologique, alors que les trois quarts du temps, ça coûte plus cher et c’est beaucoup plus contraignant. Pendant ce temps, des grandes marques s’en foutent complètement, préfèrent s’acheter une gommette avec écrit « entreprise RSE » et sortir une collection en plastique vert et en bois estampillée « écoresponsable », alors que ce sont elles qui ont le pouvoir de modifier les modes de consommation, les conditions de travail et l’impact sur le climat… Marrant.
À chaque fois que je sors un produit, je culpabilise un peu en me disant : « Pauline, il y a assez de choses sur Terre, tu vas rajouter ta petite crotte alors que le tas est déjà bien trop haut… »
Du coup, je trompe mon cerveau en essayant de mettre du sens dans ce que je fais, comme si c’était un faire-valoir pour produire quelque chose. J’essaie d’éviter les produits fabriqués à l’étranger… Je me suis faite avoir une fois d’ailleurs. J’avais sourcé un fabricant de pins au Royaume-Uni, pensant que c’était fabriqué chez eux. Quelle ne fut pas ma surprise en recevant un paquet « made in China ». J’étais dégoûtée. Ils étaient super quali, mais faire venir 50 pins du bout du monde… J’étais super mal à l’aise de vendre ça.
Depuis, je fais gaffe. Quand Tom m’a expliqué sa technique, je me suis dit que ça pouvait être une super solution.
Valoriser le savoir-faire
« La découpe, c’est fastoche », « la machine fait tout », « t’as qu’à aller dans un fablab »… Voilà ce que j’ai entendu quand j’ai commencé à me pencher sur le sujet.
Peut-être que c’est facile, peut-être qu’il suffit d’aller dans un fablab. Mais flemme : c’est pas mon métier. J’ai à cœur de travailler avec des personnes dont c’est le métier. C’est important de valoriser les gens qui ont un savoir-faire.
Chaque céramiste, illustrateur·ice, pattern designer, ébéniste a des compétences précises. C’est important de les chérir et de développer cette économie de la création entre nous, si on ne le fait pas, personne ne le fera à notre place.
Développer son univers pour prendre de l’espace sur la scène créative
Je pense que ce genre de projet est un bon moyen de se démarquer. Les clients sont noyés par un flux de publications et d’images. C’est de plus en plus dur de capter l’attention et de marquer les esprits.
Montrer qu’on est capable de développer son travail sur d’autres formats et supports casse un peu le rythme, intrigue, et valorise notre savoir-faire. Je ne dis pas qu’il faut rentrer dans la course infernale du « toujours plus », mais de temps en temps, ça peut être bénéfique.
Par ailleurs, au vu de l’évolution des IA et des moyens techniques toujours plus efficaces et accessibles, la créativité n’a jamais été aussi rare et précieuse. C’est un vrai avantage pour continuer à faire ce qu’on aime.
Ce genre d’exercice nous oblige à synthétiser notre style, nos formes, nos sujets, nos couleurs… et je trouve ça hyper intéressant, car une fois tout cela défini, on peut s’amuser à sortir du cadre, nourrir notre palette ou changer de médium tout en gardant une cohérence.
J’avais commencé par écrire cet article sous forme d’un guide genre “ comment créer des objets ?” Mais finalement, j’avais plus envie de partager des réflexions autour du sujet. Ce sont des questionnements qu’on affronte souvent en solo, car il y a peu de choses là-dessus sur internet. Ce sont des doutes qui restent dans nos carnets, bloqués entre deux pages blanches.
Je ferai peut-être ce fameux guide, ou du moins une petite boîte à outils pour expliquer comment j’ai fait, si ça vous intéresse.
J’espère que ça vous a apporté quelque chose. Merci d’avoir lu jusqu’au bout. Mes DM sont ouverts pour toutes questions ou réflexions.
Vous pouvez retrouver la collection juste ici et on se donne rendez vous mardu 8 avril pour le lancement des précommandes sur la boutique.
Bisouille, et j’espère que mes objets trouveront une petite place dans votre cœur. ❤️