PREMIERE ANNÉE DE FREE ILLUSTRATION
Le 26 juillet 2024 aka la cérémonie d’ouverture des JO, c’était aussi le premier jour de ma vie de freelance. 1 an déjà. Comme dit l’adage « le temps passe vite quand on s’amuse ».
Alors j’ai eu envie de faire un petit rembobinage sur cette année écoulée.
Choix
Expectation versus Réalité
Les résultats
Les objectifs
Remerciements
À l’heure où je vous parle, j’ai dû avoir deux fois l’envie de retourner en CDI. Ça représente environ 2 minutes sur 525 600 (nombre de minutes dans une année). Autant dire pas grand-chose. Je crois que j’ai pris ma décision au bon moment.
Souvent les gens me demandent comment j’ai fait pour me lancer. Je réponds que c’est comme quand on est enfant et qu’on apprend à nager. On va prendre des cours, on observe, on décortique les mouvements, puis on va dans le pédiluve pour voir la température, on se met un peu d’eau derrière la nuque pour habituer notre corps, on apprend à faire la brasse, puis le crawl. Vient le moment du grand bain. Chez les adultes, on apprend à faire des demi-tours, parfois on boit la tasse, on a des crampes, mais on progresse, on s’habitue. On se rend compte que si on sait nager en piscine, on peut tout aussi bien nager dans un lac ou à la mer, alors on prend des libertés. On fait des poiriers, des galipettes pour épater la galerie.
Puis un jour vient le jour du grand saut. On a assez de technique, assez confiance en soi et assez sécurisé la réception pour se lancer. Plouf. Personnellement je n’ai jamais plongé du grand plongeoir car je ne nage pas assez bien et j’ai le vertige… peut-être que si j’avais pris autant de temps à apprendre à nager que celui à dessiner, j’aurais sauté.
Avant de me lancer je suis restée plus de 6 ans dans le pédiluve. C’est long. Puis quand j’ai enfin pris ma décision, j’ai tout préparé pour amortir la chute d’une démission. (J’explique tout dans le récap 2024 pour les petits curieux).
Je vais arrêter là sur la métaphore de la piscine, je pense que vous avez saisi.
En 12 mois il y a eu des hauts et des bas. Certains que j’avais anticipés, d’autres non. C’est toujours bizarre une première année car t’as aucun comparatif. Je dirais que j’ai fait une super première année mais par rapport à quoi, à qui… je ne m’étais fixé aucun objectif à part survivre, c’est chose faite. Donc bravo, Pauline.
Ensuite j’ai eu deux trois remises en question (vous direz… c’est normal) sur 3 points.
OSER
MON STYLE
LE RÉSEAU
Je suis quelqu’un qui ose mais pas trop, je ne sais pas si vous voyez. Si tu me pousses de 1 mm, je vais me lancer, par contre c’est très dur pour moi de m’auto-pousser. J’ai peur de déranger, de passer pour une meuf prétentieuse, passer pour une gourde à côté de la plaque. Puis je me suis rendu compte que je n’avais rien à perdre, qu’il fallait que j’aie 1 % de confiance d’homme pour avancer, donc j’avais de la marge sur le chemin de l’égo trip et de la prétention.
J’ai donc fait une « formation » sur le démarchage. C’était assez intéressant. Je me demande vraiment pourquoi les écoles de com’ ne donnent pas de cours de démarchage (bref je dérive). J’ai appris à structurer mon démarchage, avoir un petit mail corpocool et trouver des adresses mails (c’est fou ce qu’on peut trouver facilement comme infos sur les internets). Après cela, j’ai défini mon support pour présenter mon travail. (Si ça vous intéresse je pourrais faire un article à ce sujet.) J’ai retravaillé mon site, fait des planches adaptées aux clients et listé des thématiques ou styles d’illustrations manquants dans mon book. Puis j’ai envoyé mes premiers mails, énorme source de dopamine. La plupart des mails avaient des retours encourageants, alors pas de projets à donner mais tout de même un petit « super book, on garde au chaud ».
Je me suis vue comme une nouvelle retraitée plantant des graines dans son potager. Sur 100 graines plantées il y en aura bien une dizaine qui germeront et avec un peu de chance 2 ou 3 porteront leurs fruits. Puis l’année d’après j’adapterai les types de graines en fonction des résultats jusqu’à avoir un potager géant avec des fruits et légumes immenses.
La deuxième remise en question s’est portée sur mon style. J’ai fait en sorte de faire tout bien comme il faut : un style défini, un travail de matière assez original qui me différencie, des sujets qui peuvent plaire à beaucoup de monde et un travail de composition qui peut s’adapter à tout type de projet.
Mais voilà… cette liste c’est la liste que pourrait faire une directrice artistique. Le cahier des charges est tenu, marketinguement ça tient la route… mais où est le petit pas de côté, ce petit supplément d’âme. Vous savez cet ingrédient mystère qui fait toute la différence entre un croissant et un délicieux croissant (le secret c’est le beurre).
Je me suis rendue compte que mon outil de travail qui, sur le papier, est génial, un iPad qui permet de dessiner à l’infini n’importe où et comment, avec des millions de textures et effets d’outils traditionnels, c’est fou, et bien avec le recul, ça a complètement supprimé cet ingrédient mystère, le petit truc en plus.
L’ALÉATOIRE.
L’aléatoire est une chose primordiale dans la création ou du moins dans ma pratique. Avec un iPad, il n’y en a plus. Le trait est raté ? On efface. L’effet d’aquarelle ne rend pas comme je voulais ? On change de calque et on recommence. Envie de créer un style d’encre qui bave un peu ? Cette brush l’imite. Sauf qu’en réalité, l’aquarelle numérique ne rendra jamais comme de vrais pigments sur une feuille car les paramètres entre le type de papier, le pinceau, la qualité du pigment et la température extérieure rendront le résultat totalement aléatoire. Cet aléatoire me manque beaucoup.
J’en étais même rendue au stade où mon style n’était rien si je ne dessinais pas sur l’iPad. J’étais comme dépossédée de mon travail. Alors je me suis dit qu’il fallait faire un truc rapidement car plus j’attendais plus je me sentirais bloquée. J’ai donc acheté des minis carnets et je me suis mise à dessiner des motifs. Pourquoi des minis carnets ? Pourquoi des motifs ? Les minis carnets me permettent de les terminer rapidement et donc d’éviter d’avoir la sensation de ne pas avancer, en plus ils sont ultra pratiques et transportables. Concernant les motifs, c’était pour moi un bon moyen d’avoir un résultat final qui claque, de développer des thématiques sans passer 15 h par page et d’avoir comme une petite bibliothèque d’éléments toujours à portée de main. Cet exercice m’a permis de me débloquer et de recréer un lien entre le manuel et mon travail. J’ai également eu quelques projets de live-paintings qui m’ont confortée dans l’idée que je n’étais pas mauvaise en traditionnel et que ça plaisait également. Je vais tout faire pour continuer dans cette voie car j’ai vraiment le sentiment d’avoir découvert un nouveau pan de mon univers.
La dernière remise en question fut sur le « RÉSEAU ».
Je DÉTESTE ce mot. J’ai l’impression de m’appeler Pierre Antoine et de serrer des paluches à la France entière pour vendre ma start-up à qui veut bien m’écouter. Bah, c’est complètement ça. Je suis Pauline, je ne serre pas des paluches mais je montre le plus souvent possible que j’existe avec des posts insta, actualités LinkedIn et projets Behance. Ma start-up ? Moi. En fait le réseau c’est un super outil. Ça te permet d’avoir des clients, des collègues, des avantages, des conseils et des exclusivités. En gros au lieu de courir tout seul ton marathon, tu cours à deux ou trois, ou plus. Tu as des sponsors qui te permettent d’avoir un super équipement et tu as même des gens qui crient ton nom sur le bord de la route pour t’encourager.
J’ai compris ça quand quelqu’un m’a demandé comment je trouvais mes clients. C’est le réseau. Ce sont des personnes qui me connaissent, avec qui j’ai pu travailler, des amis d’amis. Chaque personne de votre sphère peut potentiellement vous apporter un projet. Je n’y croyais pas au début, mon école d’art nous avait tellement saoulés avec son « réseautage »… Désormais j’y crois et j’essaie de mettre en place des choses pour le nourrir et qu’il s’épanouisse (oups, on dirait que je parle de mon tamagotchi).
Bon… passons à 2. EXPECTATION VS RÉALITÉ. Je sens que cet article va être très long, n’hésitez pas à revenir plus tard pour le finir.
Quand je me suis lancée je ne m’attendais à pas grand-chose, car comme dit juste au-dessus je n’avais pas vraiment de plan à part rester en vie.
De septembre à janvier, j’étais sous l’eau, j’ai eu plein de projets trop chouettes qui m’ont permis de bien démarrer et de me mettre dans le bain. Malheureusement, ça n’a pas duré, janvier-mai fut un peu le désert de Gobi. Bim, première réalité.
Je ne suis donc pas un poisson rouge qu’on nourrit de projets tous les jours… je suis dans un foutu océan. J’ai donc dû me rendre à l’évidence que la prospection ce n’était pas en option. Bim, deuxième réalité.
J’ai donc mis des choses en place. J’en ai également pas mal parlé à des collègues… je me suis rendu compte que le démarchage n’était pas du tout un aveu de faiblesse mais un truc super normal et surtout un super outil pour guider sa vie de freelance vers des projets en accord avec mes intentions pro. Bim, troisième réalité.
Non Pauline tu ne peux pas naviguer à l’aveugle sur ce foutu océan. Il te faut des intentions pro. Un cap clair. J’ai donc structuré ce que je souhaitais faire de mes 10 doigts et développé une stratégie adaptée.
Pour cette première année je suis très satisfaite. J’ai mis en place une stratégie qui est « PAS TOUT DANS LE MÊME PANIER », aussi appelée la diversification de revenus par les entreprenarqueurs du web qui vendent des formations en ligne. Mon chiffre d’affaires est donc à 40 % issu de la vente de marchandise et 60 % de prestation de service. Dans la catégorie « vente » j’ai ramifié mes revenus en plusieurs sources : ma boutique en ligne, des sites de print on demand, des boutiques revendeuses et les marchés. Concernant la prestation de service, je n’ai pas encore trop développé, je fais surtout des projets d’illustration. Ces derniers mois j’ai aussi fait de la prestation en physique, ce qui m’a beaucoup plu. Je pense qu’il y a pas mal de choses à faire de ce côté-là.
J’ai donc plusieurs objectifs :
Pousser cette branche de la prestation de service. J’aimerais faire plus d’événements physiques, comme du live drawing, de l’animation d’atelier. Je me garde la formation et l’encadrement pédagogique, je ne suis pas fermée mais je pense que ça pourra venir plus tard.
J’aimerais également consolider l’aspect vente en développant mon réseau de revendeurs. Je me suis récemment inscrite sur Ankostore, et je vise Faire (beaucoup plus international). On verra ce que ça donne car il y a du pain sur la planche.
Pour cette seconde année j’aimerais aussi travailler sur plus de projets liant direction artistique et illustration et pourquoi pas collaborer avec un.e DA.
Cette première année m’a également permis de lancer les Paobjets, c’est une petite marque d’objets graphiques. Encore une fois, on verra ce que ça donne, c’est un immense terrain de jeu qui n’attend que la sonnerie de la récré pour être utilisé. J’espère donc avoir du temps à lui consacrer et pourquoi pas le faire déboucher sur des projets professionnels.
Comme vous avez pu le comprendre, j’ai plein de voies à explorer, développer, à ouvrir ou à fermer. On verra bien ce que ça donne, j’aimerais beaucoup ne pas être seule dans cette aventure, donc on verra également ce que l’avenir nous réserve.
J’aimerais continuer sur cette lancée en remerciant les personnes qui m’entourent (car en vrai je ne suis pas seule). Je voulais remercier toutes les personnes qui m’ont fait confiance au point de me confier leur projet, mes clients du shop, mon réseau qui ne cesse de partager mon travail, mes proches et ma super amicollègue de tous les jours qui se reconnaîtra et à qui je souhaite de ne pas partir de si tôt à la retraite. Et vous qui avez lu jusqu’ici. Ce format n’est peut-être pas très 2025 (coucou les podcasts) mais vous êtes nombreux à me lire et ça me fait chaud au cœur. Merci. <3